Comment j’ai arrêté de manger les animaux — Hugo Clément
Quand on prend systématiquement les transports en commun, quand on achète en vrac, quand on mange bio et/ou local, quand on fait son pain à la maison, quand on fait pipi sous la douche, quand on s’essuie avec du PQ lavable, bref, quand on commence à avoir pas mal avancé sur le chemin vers une vie plus respectueuse de la planète et de l’environnement, la question finit par se poser. Quelle question ? Celle de la consommation de viande.
J’en étais arrivée à ce stade, mais sans savoir où chercher les informations qui m’intéresseraient sans me faire agresser par un végan radical, lorsque j’ai entendu parlé du livre d’Hugo Clément, qui venait de paraître. Il faut bien dire ce qui est : je ne suis pas fan d’Hugo Clément, en règle générale ; je le trouve un peu trop « putaclic ». Néanmoins, lorsque j’ai lu l‘incipit de son livre, je me suis dit que c’était peut-être la source d’information dont j’avais besoin, et je me suis lancée. Je vous propose un petit retour sur cette lecture facile, mais étayée par de nombreuses références scientifiques et de témoignages très instructifs.
Un livre grand-public et non culpabilisant
« J’aimais manger les animaux » : tel est le titre de l’introduction du livre. Clément y explique que, comme la plupart des Français, il a grandi en mangeant de la viande et du poisson, persuadé que c’était nécessaire à une bonne santé. Mais trois élément ont permis chez lui le déclic qui l’a fait devenir végétarien :
« 1. Je n’ai pas besoin de viande et de poisson pour être en bonne santé ;
2. L’élevage et la pêche industriels sont un fléau pour la planète ;
3. La manière dont l’humanité traite les animaux destinés à finir dans nos assiettes est ignoble, car ces êtres vivants sont intelligents et sensibles. »
Hugo Clément, Comment j’ai arrêté de manger les animaux, 2019
Ce sont ces trois points qu’il développe dans son ouvrage, tout en précisant qu’il « n’a pas vocation à culpabiliser celles et ceux, ultra-majoritaires, qui mangent des animaux. Il serait injuste de reprocher à des individus une pratique mondialisée qui est le fruit de plusieurs siècles de traditions et, souvent, de nécessité. » Il précise qu’à titre personnel il a eu besoin des trois éléments que j’ai cités plus haut pour avoir son déclic, et que sans l’un des trois, sans doute n’aurait-il pas franchi le pas. C’est un élément que je trouve intéressant : il montre bien que chacun peut avoir une sensibilité différente quant à cette question animale, et que nous ne serons pas tous touchés par les mêmes aspects. J’y reviendrai.
Hugo Clément développe chacun de ses trois éléments déclencheurs, en parlant de son expérience personnelle, mais aussi de celle d’autres personnes (députés, ancien employé d’abattoir, agriculteurs, militants écolo et/ou végan…) et en apportant des données scientifiques expliquées de façon très compréhensible et accessible. Par exemple, quand il mentionne des volumes d’eau, il fait le parallèle avec le nombre de douches ou de chasses d’eau que cela représente, ce qui permet de rendre concret un chiffre qui pourrait être flou. Ces parallèles évocateurs font vraiment de Comment j’ai arrêté de manger les animaux un livre grand-public, accessible même aux quiches-des-chiffres dans mon genre.
Le problème de la consommation de viande abordé sous différents aspects
Comme je vous le disais plus haut, Hugo Clément propose trois angles de vue sur le problème de la consommation de viande : la santé humaine, l’impact écologique et la souffrance animale.
La souffrance animale
De ces trois aspects, c’est celui de la souffrance animale qui occupe la plus grande partie du livre. Clément décrit en effet avec beaucoup de précision et d’exemples tirés de différents types d’élevages et d’abattage les conditions de vie et de mort des animaux. Poulets, porcs, bovins, poissons, bio ou non-bio… Il fait globalement le tour de la question, ou en tout cas suffisamment pour que le lecteur réalise bien que tous les animaux d’élevage sont concernés. Et que même ceux qui sont élevés en plein air ont une vie qui n’est pas enviable… et une mort qui l’est encore moins. Je ne vais pas vous spoiler le livre, mais sachez tout de même que, même si l’étourdissement des bêtes est obligatoire dans les abattoirs français, il est fréquent que cette opération soit mal réalisée, et que les animaux ne meurent alors qu’après une longue et douloureuse agonie.

Source : Wikipédia
Si j’ai appris beaucoup de choses en lisant ces chapitres, je reste tout de même en désaccord avec la démonstration de Clément comme quoi « les animaux sont des personnes ». Pour moi, même s’ils sont doués de sensibilité et d’une certaine intelligence, ils ne sont pas des personnes. Dans le livre, toute observation d’un acte de survie de la part d’un animal est considéré comme de l’intelligence, là où, en ce qui me concerne, je vois davantage de l’instinct. Si je fais un pas de côté pour ne pas tomber dans un trou, c’est de l’instinct, pas de l’intelligence. Néanmoins, certains exemples cités montrent une intelligence réelle des animaux, que je ne remets pas en question. C’est simplement le fait que la notion d’instinct soit absente qui me dérange.
La viande est-elle vraiment nécessaire à notre bonne santé ? (spoiler : non)
Toujours en se basant sur un certain nombre d’études scientifiques, Hugo Clément développe la thèse selon laquelle l’homme n’a pas besoin de viande ou de poisson pour être en bonne santé, les nutriments apportés par ces aliments pouvant se trouver dans de nombreuses autres denrées, telles que les graines, les légumineuses, les céréales complètes… Il cite également des études qui tendent à démontrer qu’au contraire, consommer de la chair animale serait nocive pour la santé, et développe des maladies telles que le diabète, l’hypertension, ou même certains cancers. Bref, « mange du steak pour être costaud », c’est peut-être finalement tout aussi valable que « reprends de la soupe, ça fait grandir ! « …
L’économie de la viande : l’une des plus polluantes au monde

Le troisième et dernier aspect qu’aborde Hugo Clément dans son ouvrage est celui de l’écologie : l’industrie de la viande est en effet extrêmement polluante et consommatrice en eau et en terres cultivables. En termes de pollution, l’élevage représente 14% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit plus que tous les moyens de transports de la terre réunis (voitures, avions, bateaux, trains, camions…). C’est juste énorme et hallucinant. Avec les récents incendies en Amazonie, l’Occident a commencé à prendre conscience de sa responsabilité dans la déforestation en Amérique du Sud, et c’est un début. Il ne faut pas cracher dans la soupe. Mais rendez-vous compte : un bovin mange, par jour, entre 40 et 75 kilos de nourriture ! Et pour produire tout ça, il faut de l’espace, de l’eau, des pesticides (enfin, « il faut des pesticides »… Non, hein, mais vous voyez ce que je veux dire !), et ensuite il faut envoyer tout ça dans nos fermes françaises pour manger un bon steak garanti « bœuf français ». Moi, ce que je me dis quand je lis ça, c’est qu’on se fout un peu de nous avec ces appellations. Mais c’est un autre débat. Enfin bref. Je ne vais pas paraphraser Hugo Clément ici, ce n’est pas l’objectif. Si vous voulez en savoir plus, lisez le bouquin ! 😉
Mon ressenti sur ce livre
J’ai donc lu ce livre. Et après ? Suis-je devenue végétarienne ? Ou même végane ? Non. Non pas parce que je suis restée insensible à ce que j’ai lu dans ce livre. Au contraire. Mais en ce qui me concerne, ce n’est pas tellement les chapitres sur la souffrance animale qui m’ont convaincue, bien qu’ils occupent une très large part du livre. Non. Ce qui m’a profondément révoltée à la lecture de Comment j’ai arrêté de manger les animaux, c’est de réaliser la quantité de nourriture « gaspillée » pour nourrir le bétail. Franchement. Avec 40 kilos de céréales ou de soja par jour, on nourrit combien de personnes ? Il y a tant de personnes qui meurent de faim dans le monde, et moi, pour manger mon steak, je leur enlève le pain de la bouche. Réaliser ça m’a paru incroyable et d’une injustice profonde. Parce que tout le monde s’en fout. Personne ne fait rien dans ce sens. Il y a une espèce d’omerta sur l’aspect anti-écologique et anti-humaniste de l’industrie de la viande qui, une fois qu’on l’a brisée, fait juste complètement tomber des nues.

Et moi, du coup, que fais-je pour changer ça ? Après avoir drastiquement réduit notre consommation de viande ces derniers mois, j’aimerais que nous puissions nous en passer complètement. Sauf que ça prend du temps, en tout cas pour moi, de trouver les alternatives qui vont bien pour ma famille. Et comme je suis une piètre cuisinière, je ne risque pas de me lancer dans des trucs un peu trop…compliqués ! Bref, je prends le temps de mettre ça en place chez nous, à notre rythme ; ce soir, par exemple, j’ai fait de la farine de pois-chiches, pour pouvoir faire des quiches végétariennes avec les apports nutritionnels qui vont bien. Et il y a quelques jours, lors d’un soir de grande-flemme-et-pas-le-moral, nous nous sommes commandé des burgers végan au lieu du tartare habituel ( et c’était vachement bon (ahaha je suis trop drôle)).
Je n’ai pas acheté de viande depuis que j’ai fini de lire ce livre, il y a 10 jours. On a juste fini ce qu’on avait déjà. Et, petit à petit, j’espère que nous cesserons complètement d’en acheter. Nos enfants apprendront à manger différemment (même si je sais bien qu’à l’école, ils ne pourront pas y échapper !), et resteront tout de même en bonne santé.
Voilà voilà, j’espère que ce retour vous aura intéressé et, qui sait, donné envie de lire le livre ! Non pas que je souhaite que vous deveniez tous végétariens…simplement que vous sachiez un peu ce qui se cache derrière votre steak et vos nuggets. Comme moi je l’ai découvert. Je vous quitte sur cette citation du livre :
« Nous sommes tous contradictoires, au moins par moment. Le tout, c’est de l’être en connaissance de cause. »
Comment j’ai arrêté de manger les animaux, Hugo Clément
Allez, bonne lecture et à très bientôt !
Jehanne
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