Pourquoi j’ai du mal avec le concept d’éducation positive et bienveillante
Ça ressemble un peu à un pavé dans la mare, n’est-ce pas ? À l’heure où tout ne doit être que positif et bienveillant en terme d’éducation, j’ai, pour ma part, quelques réserves sur ces méthodes d’éducation.
Bien entendu, elles partent de très belles idées, de beaux projets, de la recherche du meilleur pour les enfants, et c’est très BIEN ! Évidemment, c’est ce que tous les parents doivent rechercher, cela va sans dire. Je ne porte aucun jugement sur les personnes qui s’impliquent à fond dans l’éducation positive, parce que ce n’est pas eux qui me posent problème, bien au contraire, mais le « système ». Je précise également que je ne suis pas hostile du tout, et que nous mettons en place à la maison un certain nombre de choses issues de ce courant éducatif (utiliser des phrases positives, laisser les enfants faire leurs découvertes quitte à ruiner la maison, utiliser la langue des signes, s’excuser auprès des enfants quand c’est nécessaire, etc.). Néanmoins, quelques aspects me dérangent.

Tout d’abord, cet effet de mode, qui veut que tout le monde fasse comme ça. L’éducation positive est le nec plus ultra du moment : on ne jure que par ça, on ne parle que de ça, tout le reste est au mieux indigne d’intérêt, au pire à jeter. Dans ce contexte, quid de la liberté éducative de chaque parent ? Vous allez me dire que personne ne les oblige à se tourner vers ce type d’éducation. Alors oui, bien sûr, personne n’a de fusil sur la tempe. Mais à l’époque des réseaux sociaux, il est de bon ton de proclamer partout à quel point son enfant est épanoui, heureux, etc., et à quel point on est vraiment des merveilleux parents. Et cela me pose vraiment question.
« Ce qui n’est pas bienveillant est malveillant, et ce qui n’est pas positif est négatif »
Par ailleurs, ces appellations de « bienveillante » ou « positive » me posent question. Parce que par définition, ce qui n’est pas bienveillant est malveillant, et ce qui n’est pas positif est négatif. Je trouve cela extrêmement réducteur et culpabilisant pour les personnes qui ne font pas ce choix-là ou même pour les personnes qui ont choisi cette voie et qui, parfois, « tombent ». Parce que même quand on essaie d’être bienveillant, lorsque nous faisons des écarts, par fatigue, par choix ou autre, dans la logique de la parentalité positive, cela revient à faire quelque chose de négatif. Et là encore, c’est à mon sens un vrai problème. Bien sûr, tous les blogs sur le sujet disent de ne pas culpabiliser, et ils ont bien raison ! Sauf que l’appellation même du système éducatif est culpabilisante et enfermante.
L’éducation bienveillante s’auto-proclame meilleur système éducatif possible. Quand je vois que des sites dédiés à la parentalité positive s’appellent « les super parents » ou « cool parents make happy kids », je trouve cela tellement orgueilleux ! Comme si les autres parents n’étaient pas « super », et que les enfants de parents pas « cool » ne pouvaient pas être « happy » ! Et en ce qui me concerne, je ne suis pas là pour être cool, mais pour éduquer mes enfants, et les armer pour la vie.
Quand je lis qu’il s’agit « d’éduquer nos enfants dans la bienveillance et le respect », que l’on me parle de « maman consciente », cela me fait hurler ! Cela sous-entend vraiment que les autres ne le font pas, et donc qu’ils ne respectent pas leurs enfants et qu’ils sont « inconscients »! C’est un jugement tellement fort, tellement « négatif » ! Je trouve vraiment cela choquant, et en total désaccord avec le principe de base de la bienveillance, qui voudrait que l’on porte un regard positif sur chacun.

Bref, vous l’aurez compris, éduquer ses enfants dans le respect, la douceur et la bienveillance, c’est très bien. C’est même formidable. Mais s’enfermer dans des concepts réducteurs et méprisants pour le reste du monde, dans une tour d’ivoire de parents parfaits, c’est contradictoire avec la notion même de bienveillance.
Je suis évidemment ouverte à tous vos commentaires et remarques, tant que l’on reste dans le positif, la bienveillance et le respect !! 😉
Bisous ! 🙂
Jehanne
Très intéressant ! Mais de tout cela je n’ai encore compris qu’elle éducation tu as adopté et en quoi elle est différente par rapport à l’ « éducation bienveillante ».
S’agira-t-il d’un sujet pour un nouveau post ?
Un saluto
Merci pour ton commentaire Michele. À vrai dire, je ne saurais pas te dire pour quelle éducation nous avons opté, car nous ne cherchons pas à rentrer dans des codes précis, simplement à faire grandir nos enfants dans un cadre propice à leur épanouissement, tout en respectant les règles de base de la société. Un post sur le sujet serait donc sans fin ! Néanmoins, voici quelques grandes lignes des choix que nous avons faits : les écouter au maximum (même si c’est difficile étant donné leur jeune âge, et donc les limites de leur communication! C’est pour cela que nous pratiquons la langue des signes avec eux.)et dialoguer, expliquer, accepter d’avoir tort et donc de leur présenter nos excuses lorsque nous avons été injustes, les faire participer à la vie de la maison et leur apprendre ainsi les choses de la vie (débarrasser la table, remplir le lave-vaisselle… P. aime aussi beaucoup passer le balai, même si ce n’est pas forcément très efficace! 😉 )… Nous essayons aussi de passer le plus de temps possible dehors avec eux, car c’est là qu’ils apprennent le plus, au contact du monde et de la « nature », bien que nous soyons en ville. Je les laisse beaucoup en autonomie à la maison; je les laisse jouer avec les fruits et les légumes, les casseroles, etc. Ils apprennent tout simplement. Même si parfois, j’aimerais bien qu’ils arrêtent de vider leurs placards à vêtements… 😉
Merci beaucoup pour la clarification ! C’est très clair et je partage chaque mot. C’est le même modèle que je compte adopter (un jour…).
S’excuser auprès de ses enfants, par contre… il faut du courage.
En fait, pas tellement ! Quand on est dans le dialogue avec l’enfant, cela vient assez naturellement, si on se rend compte que l’on a été injuste ou trop dur. Cela permet aussi de restaurer la relation avec l’enfant, c’est super important.
Tout à fait d’accord avec toi ! Il y a tellement de merveilles dans ce mouvement éducatif, mais son nom même contient toute la culpabilité du monde pour tous ceux qui ne font pas exactement comme ça… Et sous-entend que ce sont eux qui ont inventé la bienveillance vis-à-vis des enfants ! Pour moi, même si comme toi j’y pioche beaucoup de choses, je garde conscience que c’est un mouvement « de pays riche », comme il y a des « problèmes de riche ». Et comme toi je refuse toute étiquette, ou toute exclusivité méthodologique : comme pour tout, je pioche à tous les râteliers ! Aussi car chaque personne, donc chaque enfant, et a fortiori chaque famille, est unique…
Merci pour ton commentaire ! Je te rejoins tout à fait sur l’aspect « pays riche ». Nous sommes bien chanceux de n’avoir « que cela » à penser… (même si c’est vrai que c’est déjà beaucoup 😉
Ici on se lance dans la lecture de « Eduquer aujourd’hui pour demain » du P. JM Petitclerc, et il parle dès le départ que la tentation est grande dans notre société de tout mettre en opposition alors que ce n’est pas juste… L’éducation par la bienveillance peut se vivre par petites touches, je ne suis pas d’accord pour dire que ce qui n’est pas bienveillant est malveillant : il y a un si grand chand des possibles ! Je trouve que ce nom de concept éducatif (qui se décline de plein de manières) nous invite juste à considérer nos enfants tels qu’ils sont et à nous mettre à leur hauteur… et ça c’est archi positif à mon goût ! Pour ça je crois qu’on aspire à la même chose…
Notre bible éducative ici c’est « J’ai tout essayé » de Fillioza et si tu ne connais pas encore, je te le conseille très vivement ! 😊
Oui, je comprends ce que tu veux dire ! Quand je dis « ce qui n’est pas bienveillant est malveillant », je me place du point de vue de l’éducation bienveillante « extrémiste ». Et à mon sens l’éducation « par la bienveillance » que tu évoques est différente de la doctrine « éducation bienveillante ».
On n’a pas encore tenté Filliozat (pour l’instant, on n’a pas tout essayé ! 😉 ), en revanche on a Trasmettre l’Amour, de Paul Lemoine, que je trouve remarquable.. Je pense d’ailleurs écrire un billet sur ce livre.